On voit avec plaisir de plus de plus de bébé portés, à la sortie de l’école, au marché, en randonnée. Les bébés sont portés par leurs parents bien sûr mais aussi par leur nounous, oncles, taties ou frères… La pratique du portage se développe indiscutablement et c’est tant mieux, pour la santé et le développement des bébés, et pour les liens si forts que le portage contribue à tisser entre parents et enfants. .
Pour corollaire de cette belle évolution, le marché des porte-bébé est particulièrement diversifié, à tel point qu’il est difficile de savoir dans quoi investir. Doit-on choisir le porte-bébés qui, d’après les tests et avis des utilisateurs sort clairement du lot, un champion toutes catégories du portage ou tout simplement le porte-bébé « bon pour nous » qui saura s’adapter à notre vie ?
A l’époque où les monitrices les plus anciennes (non, je n’ai pas dit vieilles) de l’association ont commencé à porter leurs enfants, il n’y avait encore guère de choix : en gros, on trouvait des écharpes tissées ou, pour les bien renseignées, le porte caLLLin, sorte de sling distribué par la Leche League. J’ai eu la grande chance de recevoir ma première écharpe en cadeau un peu avant la naissance de mon aîné en 2008 alors que je n’avais jamais entendu parler de portage et d’arriver, à peu près, à l’utiliser en suivant le mode d’emploi papier fourni (et oui les tutoriels You Tube ne fleurissaient pas encore, à l’époque). Aujourd’hui, il est fréquent que les parents apportent en atelier des porte-bébés que les monitrices n’ont jamais vus, nous offrant au passage de belles opportunités de formation continue.
Si je suis convaincue qu’il n’existe pas de « meilleur porte-bébé », il en existe de très bons comme d’exécrables, voire carrément dangereux.
Comment pourrait-on définir en quelques phrases ce qu’est un « bon porte-bébé » ? Ce bon porte-bébé combine des critères objectifs de respect de la physiologie et d’adaptation aux besoins spécifiques du couple porteur/porté.
Un bon porte-bébé est physiologique !
Ce porte-bébé vient se substituer à nos bras, lorsque nous portons un nourrisson par sa base. Pour être adapté à un nouveau-né, il respecte la position « boule de bébé », dos rond et genoux remontés au dessus des fesses. Le tissu permet un maintien ajusté du dos. C’est ainsi qu’au fil des mois, le porte-bébé accompagne le développement de la colonne vertébrale, en route vers la marche.
Bébé est soutenu par sa base, comme spontanément nous le faisons lorsque nous le portons à bras. Cette position aide le bébé à maintenir sa tête, l’incite à s’agripper à son porteur, et génère chez lui un sentiment de sécurité.
Respectueux de la physiologie de l’enfant un bon porte bébé préserve également le dos du parent. Le bébé, blotti ainsi tout contre son porteur, porté tout près du corps, paraît moins lourd. Des sangles larges, ou la possibilité de déployer à convenance les pans du tissu permettent une bonne répartition du poids sur le corps du porteur. Au fil des mois la musculature de ce dernier s’adaptera à cet effort et lui permettra de porter le bébé grandissant. Parfois même de l’accompagner jusque sur le chemin de l’école maternelle….
Enfin, il convient d’être attentif à la qualité des textiles utilisés : le porte-bébé sera en contact avec nos peaux et que le bébé prendra peut être plaisir à le mettre dans sa bouche. Il est donc judicieux de choisir un textile certifié oeko-tex ou encore mieux un coton issu de culture biologique.
Un bon porte-bébé est adapté à nos besoins spécifiques
A partir du moment où un porte-bébé est physiologique, c’est un bon porte bébé « dans l’absolu ». Pour autant, il ne nous conviendra pas forcément, tant le choix d’un porte-bébé est personnel.
Tout d’abord, des porte-bébé préformés physiologiques, types manduca ou ergo-baby seront parfaits pour des enfants qui ont acquis déjà une certaine tonicité des muscles du dos. En revanche, malgré les allégations des fabricants, ce type de porte-bébé offre en général un soutien insuffisant pour un nouveau né. Le Manduca acheté aux dix mois de ma fille n’a vraiment été utilisé que vers treize ou quatorze mois, tant que son petit gabarit me donnait l’impression qu’elle nageait à l’intérieur.
Des porte-bébé quasi « parfaits » comme un sling ou une écharpe peuvent se révéler innapropriés pour des parents qui n’arriveront pas à les serrer correctement ou qui auront des bébés très toniques. Je n’ai jamais bien réussi à porter en sling tout simplement parce que j’ai du mal à faire coulisser le tissu dans l’anneau sans trop le rapprocher du corps de l’enfant. Question de motricité fine on va dire…
On peut ne pas aimer porter en sling parce que nous sommes génés par le côté assymétrique, même atténué par un bon ajustement, ou une alternance d’épaule porteuse. On peut ne pas accrocher au pagne parce qu’il nous écrase la poitrine, à une écharpe tricotée parce qu’elle serre la taille….
On peut adorer les motifs de tissage d’un tissu d’écharpe et ne pas réussir à l’ajuster correctement. Et inversement, on peut tomber amoureuse d’un porte bébé ou d’un type de portage alors qu’on pensait ne jamais porter son enfant ainsi. C’est ainsi que beaucoup de parents ont pu essayer le pagne lors des ateliers et en ont été ravis.
On peut ne pas être à l’aise avec un porte-bébé. Il suffit parfois de réajuster le réglage, de faire une volte pour que tout à coup le confort soit entièrement différent. Parfois rien n’y fera, c’est tout simplement que l’on accroche pas avec ce moyen de portage.
Nos caractéristiques physiques vont jouer également. Notre musculature, notre gabarit, nos problèmes de santé font que certains types de portage pourront nous ravir ou nous rebuter.
Et évidemment, le bébé ne manque pas de donner son avis.
Il est courant de voir en atelier des bébés s’apaiser et s’endormir avec certains nœuds.
Il aussi que certains nouages soient refusés énergiquement par un bébé qui se cambre et hurle, malgré plusieurs essais dans la douceur et le respect. Dans ce cas, il est inutile d’insister. Avant de conclure que le portage n’est pas fait pour nous, pourquoi ne pas essayer autre chose avec une monitrice ou du moins une personne plus expérimentée ?
Il y a parfois des petits arrangement avec le « bon portage ». Bien avant de faire ma formation de monitrice, j’ai porté mon deuxième enfant,très tonique et sensible et qui n’aimait pas être trop contenu, dans le dos en BB-tai dès ses deux ou trois mois. Il aurait mieux valu, dans l’absolu, un porte-bébé avec une assise moins large et offrant un meilleur soutien, par exemple une écharpe nouée en kangourou. Sauf que mon cadet, lui, aimait son BB tai et s’y apaisait très vite et que j’étais très à l’aise pour le passer au dos en gardant les bras libres pour m’occuper de son frère aîné. Et malheureusement, j’ai arrêté de porter mon petit costaud à ses 18 mois puisque les sangles du mei-tai commencaient à me faire mal aux épaules et que j’ai trop hésité à investir dans le Manduca qui aurait prolongé sans doute notre « aventure portage ».
Et tout cela doit encore être nuancé par les conseils qu’un apprenti porteur recevra ou non. Une bonne monitrice, à l’écoute de son public, a l’art de proposer un réglage ou une adaptation « miracle » qui fera adorer le porte-bébé détesté ou ignoré une minute auparavant.
Bref, il n’y a pas de meilleur porte-bébé. Mais je dirais, qu’il y en a forcément au moins un qui est fait pour nous. Si on prévoit un achat, il est sage d’essayer avant le porte-bébé convoité, si possible sur plusieurs jours. Il est d’ailleurs probable que le porte-bébé parfait pour votre nouveau né se révèle moins pratique, voire inutilisable dans quelques mois ou années. Par exemple une bonne écharpe tricotée type Love Radius, tellement confortable avec un nouveau-né, n’est pas la plus pratique pour un portage dans le dos…
C’est pourquoi nous proposons aux adhérents de l’association d’emprunter dans notre porte-bébéthèque et d’échanger avec les monitrices afin de se faire un idée plus précise de leurs besoins. Se méfier des effets de mode, faire des essais, être curieux tout en demeurant attentif à soi sont les meilleurs moyens de trouver un porte-bébé qui nous accompagnera au long cours.