Naissance d’Eugénie …

TEMOIGNAGE

Dans la nuit du samedi au dimanche, j’ai eu des contractions, les premières que je remarquais vraiment. Elles étaient tout à fait supportables, mais m’obligeaient malgré tout à me concentrer sur ma respiration. Je ne sais pas combien de temps ça a duré, sans doute pas toute la nuit car je me suis quand même endormie, mais elles étaient relativement rapprochées. J’en ai parlé à E. le lendemain, lui disant que c’était ce qu’on appelle « le faux travail », juste un entraînement pour « le vrai ». J’étais assez contente de ressentir ce que pouvait être une contraction : ça me permettait de m’habituer doucement à la douleur, en soufflant bien pour rester concentrée. Ca ressemblait à une forte crampe lors de règles douloureuses.

Le dimanche soir, ça a recommencé. Dans la salle de bain, alors que je me brossais les dents, j’ai ressenti le besoin de m’accroupir pour soulager la douleur de la contraction qui arrivait. Il était 21h30.

Je me suis couchée en disant à E. que les contractions reprenaient comme la veille, que c’était sans doute encore un entraînement ; qu’il fallait donc qu’il s’attende à m’entendre souffler un peu fort, mais que ce n’était pas grave. Ca a duré toute la nuit.

Je n’ai pas dormi, mais je suis restée allongée, ça m’a quand même reposée un peu. E., lui, a pu dormir. Mais plusieurs fois dans la nuit, il m’a demandé si ça allait, si je voulais appeler M., la sage-femme. Il était de toute façon prévu qu’elle passe le lundi matin un peu avant 7 heures, et je pensais pouvoir attendre jusque là. Je ne voulais pas la déranger pour rien, et je maîtrisais bien la situation : à aucun moment je ne me suis sentie dépassée par ce qui se passait. D’ailleurs, je ne savais pas ce qui se passait. J’étais toujours persuadée qu’il s’agissait d’un faux travail. E. a compris avant moi la réalité des choses.

A 4h30, il s’est levé, a fait un brin de toilette. Je me suis levée également et j’ai marché dans le séjour, en soufflant longtemps et calmement au moment des contractions.

Vers 5h00, il m’a convaincu qu’il était plus sage de téléphoner à M. : au moins, elle pourrait nous dire ce qu’il en était. Au téléphone, je lui ai dit qu’il me semblait qu’il se passait quelque chose, mais que je n’étais pas sure ; que je me sentais bien malgré les contractions. Elle m’a conseillé de prendre une bonne douche chaude (nous n’avons pas de baignoire) si je le voulais, de continuer à bien souffler comme je le faisais déjà.

J’ai pris une longue douche (je crois que j’avais mis un tabouret dans la douche, mais je ne suis pas sure, je commence déjà à oublier), et c’est en m’essuyant dans la salle de bain que j’ai réalisé que cette petite pièce me permettait d’être dans une bonne position au moment des contractions. En effet, notre salle de bain est tellement exiguë qu’en m’accroupissant, je pouvais appuyer mon dos contre le mur et poser ma tête, penchée en avant, sur le lavabo (rembourré avec une serviette de toilette). A chaque contraction, je prenais cette position et je balançais un peu mon bassin de droite à gauche, ça me soulageait. Quand la contraction se terminait, je me mettais debout et je marchais encore dans le séjour. J’avais en fait juste le temps de faire le tour de la table, et je sentais que la contraction suivante arrivait, alors je retournais m’installer dans la salle de bain.

C’est à ce moment je crois qu’E. m’a proposé une dernière photo. Il faut dire que son oncle est fasciné par le ventre rond des femmes enceintes, et réclamait depuis un moment une photo de mon bidon : il allait être servi ! La photo est très réussie et pouvait difficilement être prise plus tardivement dans la grossesse !

Afin d’avoir une idée de la durée et de la fréquence des contractions, E. notait tout ça sur un papier : 1 minute de contraction, 1 minute de « pause », 1 minute de contraction, 1 minute de « pause », etc. mais ça, il me l’a dit après : sur le moment, ça ne m’intéressait absolument pas de savoir. Je me souviens juste qu’il me demandait de le prévenir quand la contraction commençait et quand elle s’arrêtait. Il était en fait inutile que je dise quoi que ce soit pour le début de la contraction, il se rendait bien compte par lui-même que je m’accroupissais et que je soufflais fort. Je me contentais de murmurer « ça y est », ou « voilà » ou « c’est fini » quand je sentais la fin de la contraction. Je le disais plus pour moi que pour ses statistiques ; En effet, j’avais besoin qu’il me couvre de peignoirs, robes de chambre et pulls au moment de la contraction car j’avais froid. Mais vraiment très froid : je grelottais et claquais des dents. Par contre, dès que la contraction était finie, j’avais très chaud et il fallait tout me retirer. E. jouait ce rôle à la perfection.

Je lui ai également demandé de bien vouloir m’apporter une gaufre au miel. Je n’avais pas vraiment faim, mais j’en avais envie. Et M. nous avait expliqué que l’utérus, comme tout muscle en plein travail, avait besoin d’être nourri et oxygéné. D’où l’intérêt de manger si on le souhaite, contrairement à une idée reçue qui interdit à la future maman toute ingestion dès lors que le travail a commencé (enfin, il ne s’agit pas non plus de s’enfiler un couscous, mais une barre de céréales est la bienvenue). Comme j’aime beaucoup ces gaufres bio et que je savais que c’était le genre de biscuits adapté, j’avais acheté 3 paquets en prévision. Dans les faits, je crois n’avoir pas même fini ma première galette. Il faut dire que je n’avais que peu de temps pour croquer, mâcher et avaler entre deux contractions. Peu importe, j’étais contente de les avoir et de me dire que je pouvais manger si je voulais.

M. est arrivée un peu avant 6 heures. Elle est venue me voir dans la salle de bain, m’a demandé doucement si ça allait. Elle m’a proposé de m’examiner sans attendre davantage, pour voir où ça en était.

Je suis donc sortie de la salle de bain pour m’installer sur le lit, dans la chambre, le temps qu’elle m’examine. Je n’étais pas bien du tout, j’avais froid et la position m’était inconfortable. Mais M. m’annonça une bonne nouvelle : c’était bien le « vrai travail », sans ambiguïté : mon col était déjà dilaté de 5 cm. J’étais contente !

J’ai vraiment le souvenir d’avoir ressenti de la joie. Pour plusieurs raisons : d’abord, ça voulait dire que le bébé allait bientôt être là, que nous allions faire connaissance. Après 9 mois d’attente, c’est une bonne nouvelle ! Ensuite, je dois reconnaître que je me serais demandée ce qu’était le « vrai travail » si celui-là avait été « le faux », car ça commençait à être long et peu agréable, il faut le dire ! Enfin, savoir que j’en étais à 5 cm m’a réellement fait plaisir : j’avais déjà fait la moitié du travail, il n’en restait donc plus que la moitié ! Et j’avais su gérer parfaitement cette première moitié, seule (enfin, avec E.), et sans que ce soit trop douloureux. Ce n’était pas agréable, certes, mais tout à fait supportable. Tout cela me mettait en confiance pour la suite des événements. J’étais aussi soulagée de ne pas avoir dérangé M. à 5 heures du matin pour rien !

M. m’a examinée encore une fois. Le col était dilaté de 8 cm, presque 9 pendant une contraction. Comme le premier, j’ai détesté cet examen qui m’obligeait à m’allonger sur le dos. Le toucher vaginal pendant une contraction était particulièrement douloureux. Et je répétais « non, non », tout en me laissant faire malgré tout.

Je me suis ensuite mise à quatre pattes sur le lit, pour voir si cette position me convenait (j’avais lu dans certains témoignages que ça soulageait), mais je n’ai pas aimé du tout. Comme quoi, les positions adoptées par les unes ne conviennent pas forcément aux autres.

Je suis retournée dans la salle de bain, toujours pour m’accroupir au moment des contractions. Cette fois-ci, je n’avais plus le temps de faire le tour de la table entre deux contractions, j’avais juste le temps de me mettre debout contre E., pour faire un petit câlin de quelques secondes, avant de reprendre ma position grenouille dans la salle de bain. J’ai apprécié le tabouret d’accouchement que M. avait apporté : ça me permettait de garder la position accroupie sans fatiguer sur les jambes.

Je sentais que « ça poussait ». Je me suis souvenue de ce que nous avait dit M. à propos du célèbre « poussez madame, mais poussez donc ! ». A savoir qu’il était inutile de pousser tant qu’on n’en ressentait pas le besoin, et qu’il était également inutile d’essayer de se retenir quand l’envie de pousser se faisait sentir, car c’est un réflexe qu’on ne peut pas maîtriser. Pourtant, j’ai eu un doute car je savais que mon col n’était pas dilaté entièrement, ça me semblait donc trop tôt pour pousser. Je me souviens avoir demandé à M. si ce n’était pas embêtant de pousser maintenant, elle m’a répondu que non, que je pouvais accompagner la contraction et ne pas lutter contre surtout. J’ai donc appris « sur le tas » que le bébé pouvait s’engager (ce qui était le cas) avant la dilatation complète.

Lors d’une nouvelle contraction, j’ai clairement entendu et senti la rupture de la poche des eaux. J’ai murmuré « les eaux, les eaux » à la sage-femme, qui m’a rassurée, c’était normal. Je le savais, mais je m’attendais alors à souffrir davantage des contractions, car j’avais lu que ça faisait plus mal une fois que la poche était rompue. Je n’ai en fait pas senti de différences, si ce n’est que la suite s’est passée relativement vite.

Au bout de quelques instants (je suis incapable de donner des heures ou des durées précises), M. m’a doucement demandé quand je serai prête pour aller dans la chambre. Pourquoi aller dans la chambre ? Elle m’a expliqué qu’elle pouvait difficilement accompagner la naissance du bébé dans la salle de bain, trop exiguë. J’ai seulement murmuré « je ne sais pas, je ne sais pas. ». J’ai laissé passer quelques contractions, pas beaucoup, puis j’ai ressenti le besoin de changer de position.

Je me suis levée en disant qu’il fallait que j’aille dans la chambre maintenant, parce qu’après je ne pourrais plus. J’ai donc marché jusque dans notre chambre, où je me suis de nouveau assise sur le tabouret d’accouchement. Je pense que ça devait être un quart d’heure ou peut-être seulement 10 minutes avant la naissance d’Eugénie. La lumière était tamisée, j’étais contente qu’il y ait un variateur, je ne voulais pas accueillir notre bébé en lui braquant des spots dans les yeux !

J’ai eu subitement très chaud, il fallait que je me mette toute nue. E. m’a aidé à retirer mon peignoir. Je me suis encore servie du tabouret d’accouchement, mais différemment : au lieu de m’accroupir comme je le faisais jusqu’alors, penchée vers l’avant, je me suis installée en position semi assise, le dos penché en arrière. E. me soutenait en étant derrière moi, j’étais calée contre lui.

Je ne sais pas si la position était confortable pour lui, mais j’avoue que ce n’était pas mon souci. J’avais besoin de lui comme ça et je n’ai pas cherché plus loin. De même, je ne me suis pas posée de questions quand, un peu plus tard, j’ai ressenti le besoin d’agripper le bras de M. et de le secouer. La pauvre ! Et je n’ai pas non plus cherché à me contenir quand, sur la fin, j’ai eu envie de crier, pas une seule seconde je n’ai pensé aux voisins. Il y a des moments dans la vie où les règles de société et de courtoisie élémentaire n’ont pas leur place !

À partir de ce moment là, les contractions ont été totalement différentes, beaucoup plus intenses et pour ainsi dire en continu. En fait, les contractions et l’envie de pousser ne faisaient qu’un. Et cette envie de pousser était incontrôlable, comme l’avait dit M. : je sentais clairement que quelque chose me gênait (et pour cause !) et il fallait que ça sorte ! J’étais un peu dans un état second.

J’ai pourtant eu une frayeur qui m’a « ramenée à la conscience » quand j’ai vu M. préparer un outil métallique. J’ai cru qu’elle s’apprêtait à me faire une épisiotomie et je ne comprenais pas pourquoi. Je m’entends encore crier « qu’est-ce que c’est ? Non, je ne veux pas ! » En tout cas, j’ai eu l’impression de crier, mais peut-être n’ai-je que murmuré car je commençais à fatiguer. Elle m’a rassurée, m’expliquant que c’était juste une paire de ciseaux pour couper le cordon en urgence au cas où il soit enroulé autour du cou et trop court pour être passé au-dessus de la tête. Je me suis immédiatement apaisée et j’ai pu repartir dans ma bulle, me concentrer encore pour les dernières minutes (même si j’ignorais alors qu’il ne restait que quelques minutes car je ne me rendais pas compte que la naissance était imminente).

Et là, j’ai eu mal. Mais vraiment mal. Autant jusque là j’avais trouvé le travail tout à fait supportable, même si c’était pénible, autant je n’aurais jamais imaginé que la douleur puisse être aussi intense au moment de l’expulsion. M. m’a encouragée à accompagner mon bébé, à l’aider à sortir. Alors j’ai hurlé, j’ai hurlé tout ce que j’ai pu. Hurlements de douleur, c’est vrai, mais hurlements de libération aussi : en même temps que mon bébé sortait, c’est tout un tas d’émotions que je libérais. Au milieu de hurlements bestiaux, je crois avoir crié quelque chose comme « allez, vas-y, c’est bien » en m’adressant à Eugénie (et à moi aussi peut-être). Je ne pourrais pas décrire cette sensation, d’abord parce que c’était une douleur qui ne ressemblait à aucune autre, et ensuite parce qu’elle est déjà oubliée. Je me souviens juste que ça brûlait.

Il y a eu un moment d’accalmie, quelques secondes : M. me dit que la tête était sortie, qu’à la prochaine contraction, il y aurait les épaules, que c’était presque fini. Elle m’a rappelé de bien souffler. J’avais complètement oublié de penser à ma respiration, et j’ai pu me détendre une fraction de seconde quand elle m’a dit de souffler. Ca a fait du bien. En même temps, elle m’a proposé de toucher la tête du bébé. J’ai refusé. Non pas que je ne voulais pas, mais je ne pouvais pas : j’avais besoin de tenir E. par le cou avec mon bras gauche levé au dessus de ma tête, et de tenir le bras de M. avec ma main droite, tout ça pour m’aider à pousser, ou pour faire une contre-poussée plus exactement. Et comme la contraction suivante arrivait (la pause n’a duré que 3 ou 4 secondes je pense), je n’avais pas le temps de les lâcher pour toucher le bébé.

Un dernier effort, une dernière petite poussée, et me voilà avec Eugénie dans les bras, blottie tout contre moi. Il était 8 heures 10.

C’était merveilleux. Je crois qu’elle a pleuré un peu, en tout cas je l’ai entendue râler. Elle était toute gluante, toute sale, d’une drôle de couleur : était-ce sa peau ou des traces de sang ? Peu importait, c’était mon bébé, il était là, tout contre moi : j’avais réussi ! Nous avions réussi toutes les deux ! Elle avait plein de cheveux. Plusieurs fois pendant ma grossesse, je m’étais demandée comment serait notre bébé, physiquement, et notamment s’il aurait des cheveux. Et bien oui ! Notre bébé avait beaucoup de cheveux, ils étaient tout noirs (là encore, était-ce parce qu’ils étaient sales ?). E. a pris une serviette en éponge toute douce que nous avions prévue pour cet usage, et a enveloppé Eugénie avec, pour qu’elle n’ait pas froid. C’était vraiment merveilleux !

Après cet effort intense que représente une naissance, j’ai eu envie de m’allonger un peu, de souffler vraiment. J’ai entendu E. demander à M. s’il fallait me porter sur le lit. Je leur ai dit que j’allais me lever ; Ils m’ont tous deux aidée. Je ne voulais pas quitter mon bébé, j’ai fait les deux pas qui me séparaient du lit en la serrant toujours contre moi. Nous étions de toute façon encore liées par le cordon ombilical.

C’est à ce moment-là seulement que j’ai demandé à M. si c’était bien une petite fille, car ni E. ni moi n’avions vérifié ! La sage-femme non plus d’ailleurs ! Elle a donc soulevé un coin de la serviette et nous a annoncé que c’était une petite fille. Alors j’ai fait les présentations et lui ai dit qu’elle s’appelait Eugénie.

J’ai gardé ma petite puce contre moi et me suis reposée, détendue : c’était bien mérité ! Pendant ce temps, E. épongeait le sol et mettait les alèzes jetables souillées dans un grand sac poubelle : il faut reconnaître que c’est salissant, une naissance !

Voulant être sure d’avoir un bon démarrage pour l’allaitement, j’ai demandé à M. si je pouvais mettre Eugénie au sein tout de suite. La question était idiote, d’une part parce que je savais que c’est ce qu’il fallait faire, et d’autre part parce que je n’avais besoin de l’autorisation de personne ! Il n’empêche que j’ai quand même posé la question et la réponse fut bien évidemment positive.

Seulement voilà : le cordon était trop court pour que je puisse installer Eugénie correctement au sein. M. m’a dit que nous pouvions le couper car il ne battait plus. J’ai hésité car j’avais en fait très envie d’attendre que le placenta soit expulsé pour le couper, je me disais qu’il n’y avait pas urgence et que c’était plus naturel d’agir ainsi. Une fois le placenta expulsé, j’aurais été archi-certaine que le cordon ne servait plus au bébé et qu’on pouvait le couper sans risque. Mais M. m’a confirmé qu’il ne battait plus, et il fallait le couper si je voulais proposer une première tétée à Eugénie.

Alors j’ai donné mon accord pour qu’on coupe le cordon, et c’est là qu’E. est intervenu : il a sectionné le cordon entre les deux pinces que M. avait placées, en prononçant une phrase de bienvenue à notre bébé (quelque chose comme « bienvenue au monde » ou « bienvenue parmi nous », je ne sais plus). Nous étions contents que ça puisse se faire comme ça, E. y tenait beaucoup.

Nous n’étions plus reliées par le cordon, et je me suis installée confortablement avec ma puce pour lui donner le sein : elle avait les yeux grand ouverts et semblait regarder autour d’elle. Elle est restée bien éveillée comme ça pendant deux heures environ, mais elle n’était manifestement pas du tout intéressée par le sein, mais alors pas du tout !

J’étais un peu déçue car, suite à mes lectures, je savais qu’il était préférable que le bébé tète dans les deux heures qui suivent sa naissance pour se donner toutes les chances d’un bon démarrage pour l’allaitement. Cela dit, ça n’a pas été un problème puisqu’elle a finalement tété à 13h, autrement dit 5 heures après sa naissance, et que tout s’est bien passé par la suite. J’aurai donc appris que ce qui importe, ce n’est pas tant que le bébé tète dans les 2 heures qui suivent sa naissance, mais qu’il en ait la possibilité s’il le souhaite : il est bon de le proposer tout de suite, au cas où il en ait envie ou besoin, mais s’il ne veut pas, il ne faut pas s’en formaliser, c’est que ça viendra plus tard !

Et le placenta dans tout ça ? Et bien, il s’est fait attendre ! Une heure après la naissance d’Eugénie, il n’était toujours pas sorti. M. surveillait ça de près, elle a pris ma tension : tout allait bien. Mais elle avait bien envie qu’il sorte quand même ! Personnellement, je m’en désintéressais un peu. Je savais que c’était important, pour ne pas risquer une hémorragie, mais j’étais tellement heureuse avec ma fille dans les bras que le reste ne me souciait guère !

Nous avons d’abord essayé des méthodes « naturelles » : je me suis de nouveau assise sur le tabouret d’accouchement pour faire jouer l’apesanteur, en vain. M. m’a administré quelques gouttes de je ne sais plus quel produit à base de plante pour accélérer un peu les choses, rien ! Alors elle m’a dit qu’il fallait appuyer un peu sur le ventre pour l’aider à se décoller, et que ce serait moins désagréable si je le faisais moi-même, mais ça n’a pas marché non plus. Finalement, c’est elle qui m’a appuyé sur le ventre pendant que je poussais. Je n’étais pas motivée ! Une fois le bébé né, on n’a plus vraiment envie de pousser ! En même temps, je savais que, si le placenta ne venait pas, il faudrait aller à la clinique, et je n’en avais pas du tout envie !! Alors j’ai poussé, et il a fini par venir : il était environ 9h40. Cette fois-ci, c’était fini !

Puis M. m’a proposé de prendre une douche si je voulais, avant qu’elle m’examine pour voir s’il y avait une déchirure. Sinon, elle pouvait me faire une toilette locale seulement. J’ai choisi la douche : ça a fait du bien !

E. a donc tenu sa fille dans les bras à ce moment pour la première fois, et elle a sucé ses doigts, comme moi je le faisais étant enfant, c’est marrant.

Puis M. m’a dit que j’avais une légère déchirure, superficielle, sur 1 cm à peu près. J’avais le choix entre une petite anesthésie locale pour faire quelques points, ou juste un cataplasme d’argile verte surfine (acheté en prévision). J’ai opté pour le cataplasme, sans regret.

Je souhaite à tous les enfants de voir le jour dans d’aussi bonnes conditions, et à toutes les mamans de garder un aussi bon souvenir de leur accouchement.

Ce fut une aventure merveilleuse, celle de la naissance d’Eugénie, accueillie sans violence, sans intrusion médicale, juste avec simplicité et amour, dans la chaleur et l’intimité du domicile familial.